Crème solaire et respect des océans : est-ce vraiment possible ?
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Sommaire
Qu’est-ce que la Blue Beauty ?
La Blue Beauty consiste à créer et développer des cosmétiques avec une formule respectueuse des océans et de l'environnement, de leur conception à leur mise en vente. Elle s'applique à tous les types de cosmétiques, qu'il s'agisse de nos protections solaires, mais aussi des soins capillaires, des soins visage et des autres produits d'hygiène et de beauté.
L'impact de la cosmétique sur la pollution marine
Un soin cosmétique représente en effet plusieurs sources de pollution pour l’environnement marin : son packaging, qui se retrouve parfois jeté dans la nature, et sa formulation, tant bien dans la production de cette dernière que son utilisation par les consommateurs.
Pour rendre nos cosmétiques plus alléchants et toujours moins coûteux, certains industriels ne se privent pas d’y ajouter des produits issus de la pétrochimie, des micro-billes et des micro-plastiques, malgré les différentes évolutions de la norme française et de la norme européenne sur le sujet.
Ces composants synthétiques contaminent les fonds marins et participent au phénomène de blanchissement des coraux, qui sont alors fragilisés et plus vulnérables aux maladies.
La protection des coraux : un enjeu primordial
Les récifs coralliens sont particulièrement impactés par cette pollution et les activités humaines car la croissance des coraux est lente, de quelques millimètres à une vingtaine de centimètres par an. Selon WWF, 25% des récifs ont déjà subi des dégâts irréversibles et deux tiers des coraux seraient en danger.
Plus qu’une simple merveille de la nature, les coraux sont un réservoir pour la biodiversité marine et agissent comme une barrière naturelle qui protège le littoral - et ses habitants - des catastrophes naturelles et des conséquences du réchauffement climatique. Le blanchissement des coraux a des conséquences pour la vie marine et la vie humaine.
Conscients de ces enjeux, les acteurs de la cosmétique sont de plus en plus nombreux à adhérer à la Blue Beauty, en proposant des cosmétiques sans produits synthétiques et biodégradables avec une meilleure gestion des emballages et un circuit de distribution le plus neutre en carbone possible.
Une crème solaire doit-elle être biodégradable pour respecter les océans ?

Une formule biodégradable possède une forte capacité à se décomposer grâce à des organismes vivants (champignons, levures, bactéries…), que ce soit dans le sol ou dans l’eau. Quand un produit cosmétique est 100% biodégradable, cela signifie que l'intégralité de ses ingrédients est mangée par des bactéries.
Pour évaluer la biodégradabilité d’une formule, plusieurs paramètres sont à prendre en compte, comme le taux d’oxygène, l’émission de dioxyde de carbone, la production de biomasse produite et la disparition de la matière. S’ils sont relativement simples à étudier séparément, ils sont malheureusement assez complexes à mesurer ensemble.
Comment la notion de biodégradabilité est-elle encadrée par la législation française et européenne ? Aujourd'hui, une marque peut afficher la mention “facilement biodégradable” lorsque son produit est dégradé naturellement à plus de 70% en 28 jours. C’est la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) qui est chargée de contrôler les allégations sur les étiquettes.
Pour les produits solaires, un second test est effectué en eau de mer. Si le taux de biodégradabilité minimal est également de 70% pour avoir la mention biodégradable, leur durée de décomposition est plus longue (60 jours), car les bactéries sont moins présentes dans les mers et océans.
Savez-vous qu'après 20 minutes de baignade, 25% de votre protection solaire est déjà diluée dans l’eau ? Cela représente tout de même près de 25 000 tonnes de composants issus des protections solaires déversés dans les rivières, lacs, mers et océans chaque année. Et ces composants ont parfois des effets néfastes sur les organismes vivants (végétaux, poissons...) des fonds marins, détruisant partiellement ou totalement leur écosystème.
Bien sûr, il est essentiel de protéger votre peau des rayons UV et bannir l'écran solaire de votre trousse de beauté n'est pas la solution. Néanmoins, votre crème solaire peut représenter un danger pour les espèces marines, d'où l'importance de privilégier une crème solaire biodégradable respectueuse des océans et des coraux, ou à minima une crème solaire formulée avec des ingrédients naturels.
De plus, de nombreux pays ont d’ores et déjà pris des mesures pour préserver les coraux et les fonds marins. Une crème solaire biodégradable pour le Mexique est ainsi indispensable si vous voulez profiter de certains parcs naturels, des cénotes ou encore de la Riviera Maya.
"Choisir une crème solaire avec une formule biodégradable contribue à préserver l'écosystème marin."
Une crème solaire naturelle est-elle forcément biodégradable ?
S'il est monnaie courante d’associer biodégradabilité et naturalité, nous avons le regret de vous dire que non, une protection solaire naturelle n'est pas automatiquement biodégradable. Toutefois, elle a beaucoup plus de chances de l'être ! Et elle sera toujours plus bénéfique pour votre peau, tout en vous protégeant aussi bien des coups de soleil qu'un écran solaire classique.
Pourquoi une crème solaire respectueuse de l'environnement n'est-elle pas forcément biodégradable ? Par définition, une crème solaire naturelle est formulée avec un minimum d’ingrédients d’origine naturelle, notamment des filtres minéraux (oxyde de zinc et/ou dioxyde de titane) qui réfléchissent les rayons ultraviolets, contrairement aux filtres chimiques (ou organiques) qui absorbent les UV.
Mais il se peut que certains produits solaires écologiques n’aient pas un taux de biodégradabilité optimal, du fait que certains ingrédients naturels ne se dégradent pas ou peu dans la nature. Par exemple, les substances minérales, comme les filtres minéraux, ne sont pas biodégradables.
Cela est-il forcément moins bien pour les océans ? Le fait de choisir une crème solaire écologique contribue sans aucun doute à préserver l’écosystème marin, puisqu’elle ne contient pas (ou très peu) d’ingrédients toxiques sur les organismes vivants. Alors, quels sont les ingrédients néfastes pour la nature ? Parmi eux, on retrouve en tête de liste l'oxybenzone et l'octocrylène, des filtres solaires à foncièrement éviter, mais aussi le 4-methylbenzylidene, le BHA (butylhydroxyanisol) et certains parabens, dont les effets néfastes sont amplifiés par le soleil.
Comment reconnaître une crème solaire respectueuse des océans ?
Résumons les choses : une crème solaire écologique est toujours plus bénéfique aux océans et davantage “coraux friendly” qu’une crème solaire classique car sa formulation est plus respectueuse de l'environnement et vous protège tout autant des coups de soleil. Pourtant, c’est la notion de biodégradabilité qui est la plus essentielle pour faire son choix parmi les nombreuses crèmes solaires existantes.
Nous l’avons vu plus haut, pour qu’une protection solaire soit mentionnée “biodégradable”, il faut que sa formule ait un taux de biodégradabilité supérieur ou égal à 70%. Malheureusement, peu de marques font un véritable test de biodégradabilité ; il est donc très difficile de déterminer si une crème solaire est biodégradable ou non, surtout qu'il n'existe aucun logo réglementé et officiel à ce sujet.
Mais le sujet a pris tellement d'ampleur depuis quelques années que les marques de cosmétiques font de plus en plus de recherches pour limiter leur impact sur l’écosystème aquatique et améliorer leurs formulations. Certaines composent désormais leurs produits avec des formules parfois entièrement naturelles, enrichies en huiles et actifs d’origine végétale et filtres solaires 100% minéraux et plus résistantes à l’eau.
Veillez toutefois à bien faire attention au bluewashing. Une marque reversant une partie de ses bénéfices à des associations peut très bien avoir une crème solaire non biodégradable ou non éco-responsable. De même, certains logos apposés sur les packagings sont créés par les marques pour rassurer mais n'ont rien d'officiel. On les retrouve sous les dénominations "water-friendly", "ocean respect", "coral friendly", "ocean protect", etc.
Notre conseil pour ne pas tomber dans le piège du bluewashing : ne pas hésiter à demander aux marques si elles ont fait le test de biodégradabilité et voir si elles vont plus loin dans la démarche éco-responsable (tests d'éco-toxicité, packaging en carton ou en plastique recyclé, made in France ou le circuit court pour avoir un impact carbone le plus neutre possible...).
5 crèmes solaires éco-responsables pour protéger sa peau et la vie marine

Créée en Bretagne, cette marque de soins solaires a tout pour plaire : une composition certifiée bio, un seul filtre solaire minéral utilisé (l’oxyde de zinc, connu comme étant le moins impactant pour la biodiversité marine) et une texture non grasse, facile à étaler et qui ne laisse pas de traces blanches. C'est validé de notre côté !

Fondée par deux surfeurs, la marque SeventyOne Percent propose des protections solaires aux formules naturelles (huiles et actifs d’origine végétale) made in France. Nous aimons leur composition avec des filtres minéraux sans nanoparticules et qui s’étalent facilement, sans laisser de film gras. Bonus : leurs packagings sont en partie fabriqués à base de bouteilles de lait recyclées.

Laboratoires de Biarritz allie depuis son lancement le respect de la vie aquatique avec celui de notre peau, sans rogner sur la protection anti-UV. Si les textures sont fluides et légères, les crèmes solaires peuvent néanmoins laisser quelques traces blanches. Nous validons les compositions certifiées bio et les packagings en plastique recyclé, encre verte...

Depuis 2012, la marque s’engage dans la préservation de la vie aquatique en développant une ligne de soins solaires, WaterLover, dont certains produits sont certifiés Nordic Swan Ecolabel. Sans toucher à la sensorialité propre à la marque, les formules sont plus naturelles et biodégradables à 94% minimum. Les packagings sont fabriqués soit en plastique recyclé, soit en carton.

Pour développer les nouvelles formules de leurs protections solaires Bariésun, Les Laboratoires Dermatologiques d’Uriage ont mené des études avec l’Institut de Recherche et Développement à Nouméa directement sur un site de corail pour démontrer l’innocuité des ingrédients dans les océans. On aime également leur approche de réduction de plastique avec leurs packagings éco-conçus et leurs textures toujours aussi faciles à appliquer, sans laisser de traces blanches.
Nos soins coraux friendly
Ce qu’il faut retenir pour choisir une crème solaire biodégradable respectueuse de l’environnement marin, c’est avant tout de regarder sa composition. Privilégiez les formulations avec un maximum d’ingrédients d’origine naturelle (en nom latin), voire issus de l’agriculture biologique, et limitez les filtres chimiques au maximum. Les logos apposés sur les packagings peuvent aider à vous y retrouver mais prudence, car il faut qu’il y ait un vrai engagement et pas seulement avoir affaire à du bluewashing. Et pour adopter une routine cosmétique toujours plus éco-responsable, privilégiez également l’après-soleil bio pour apaiser les coups de soleil et échauffements suite à une exposition solaire.